Notre éditorialiste Adrien vous raconte sa visite
Arrivé dans ce coin de montagne, j’ai garé ma voiture sur la place « banane au schnaps ». Juste à côté, « poire au gingembre » était déjà prise. Si vous choisissez de faire une visite et dégustation de confitures du Climont, même les places de stationnement ont un petit nom qui vous donne un avant-goût de ce que vous allez savourer en visitant ce temple de la confiture.
A peine franchie la porte d’entrée qu’une délicieuse odeur de framboise vous accueille. Ou plutôt, vous enivre, tant elle est prenante et en même temps suave. On se sent comme plongé au cœur d’un bain de fruits chauds. Je vais donc assister à l’une des cuissons réalisées chaque jour sous les yeux des visiteurs. Aujourd’hui, au menu, dans le chaudron magique, framboise épépinée. Un « hit » de la maison qui se trouve être la plus prisée. Demain sera un autre fruit.
L’art de mettre le fruit en valeur
Le spectacle est accompagné d’un bon lot d’explications. Moi qui viens d’une famille pratiquante (je parle de la religion de la confiture), j’apprends encore des choses sur les teneurs en sucre, l’extraction du jus, etc. Il faut voir qu’on est ici dans le saint des saints. Au total, les Confitures du Climont proposent près de 50 variétés, des classiques mais aussi des créations qui ont fait date, comme le régal du Petit Prince en clin d’œil au personnage de Saint-Exupéry, un mélange de pomme, rose et de poudre de fruit de baobab !
Passée la visite, riche d’enseignements, on hésite dans le choix des produits avec lesquels on va repartir. Tout a l’air si appétissant. Mirabelle-cannelle ? Melon-citron ? Quetsche aux noix ? « Mojito », avec rhum et menthe ?
Une fois en bouche, c’est un festival de parfums, une explosion de saveurs. Impensable de manger cette douceur autrement qu’avec le bout de la cuillère. Rien à voir avec ce que nous proposent les marques industrielles. J’en viens même à me demander si je mange bien de la confiture ! J’ai dans ma bouche un véritable nectar de fruits, un caviar que seul le meilleur de la nature peut nous donner. Avec une petite intervention de l’homme, toutefois… Et j’en viens à m’inquiéter de ce que mes papilles endurent quand elles goûtent à autre chose !
Un peu de sucré salé ?
Les plus fins gourmets apprendront que certaines confitures se marient très bien avec des plats salés (la « mojito » par exemple peut se servir avec un poisson) ou un fromage : l’églantine irait très bien avec un chèvre chaud et la cerise au kirsch avec une tome ! Et pour les amateurs d’histoire, il est possible de découvrir la confiture de coing selon la recette de Nostradamus de… 1551 (!), réalisée suivant la recette consignée par le savant multi-tâches, à une époque où on ne disposait pour cela que du sucre de canne venu d’Amérique.
Avant de repartir, petite visite par le muséobus installé sur le parking devant l’enseigne. Cet ancien bus réaménagé en conséquence propose des expositions temporaires qui retracent l’histoire de la confiture, avec outils et photos d’époque issus de la collection privée de Fabrice Krencker. Encore un moment éminemment pédagogique.