Notre éditorialiste Emmanuelle vous raconte sa visite
L’univers de Rabelais
Un géant à l’appétit gargantuesque et au gosier avide de bon vin d’Anjou.
Une force de la nature qui s’est attaquée à la pioche à la roche de Saint-Georges-les-7-Voies pour y creuser des cavernes puis, a amené des bétonnières afin de créer les reliefs de l’Hélice Terrestre.
Jacques Warminski a souvent été associé au monde de Rabelais, il avait le profil d’un Gargantua, et il le revendiquait.
L’artiste s’est inspiré de l’écrivain chinonais pour imaginer certaines de ses œuvres éphémères.
L’une d’entre elles « lie sur lit de Loire » fut réalisée en 95. Le temps d’un été, il avait posé sur la Loire, à Cunault, un personnage constitué de câbles et de toiles. Le vent mettait ce monumental Gargantua en mouvement, et les visiteurs se promenaient à l’intérieur.
Warminski était un explorateur, de matière, de volumes, de mouvements, de sons et de sensations.
Il a été formé à l’Ecole des Beaux-Arts d’Angers puis à l’Ecole Boulle à Paris, en architecture d’intérieur.
Né en Anjou, il a décidé de créer cette œuvre, l’Hélice terrestre, à Saint-Georges-des-7-Voies, sur le site troglodytique de l’Orbière, qu’il connaissait bien.
Le site de l’Hélice Terrestre
Lorsque j’arrive sur les lieux, après l’entrée, je découvre des habitations creusées autour de la cour intérieure…
Aurore m’explique qu’au début du siècle, 5 familles vivaient encore ici, une trentaine de personnes jusque dans les années 1940.
Warminski était un passionné de l’histoire et du monde souterrain.
Un peu plus loin… L’hélice terrestre.
Exceptionnellement, cette œuvre n’était pas éphémère, elle n’était pas vouée à la destruction. Il mourut trois ans après l’avoir terminée.
La construction avait duré 5 ans.
Étonnamment rapide lorsque l’on considère l’ampleur du chantier (1000 tonnes de pierre extraite) et les outils utilisés.
L’initiateur du projet savait rassembler : amis, artistes et étudiants se succédèrent sur le chantier.
L’Hélice Terrestre Quésaco ?
… Voilà, c’est maintenant le moment de vous expliquer ce que j’ai vu, l’Hélice terrestre… En quelques mots !
Petit temps de réflexion…
Cette œuvre est une archi-sculpture selon les termes de Jacques Warminski.
En général, une œuvre d’art se regarde, s’écoute, se ressent, s’admire. Elle passionne ou elle déplaît.
L’Hélice Terrestre, j’y pénètre, je la sens, je la parcours, je lui parle, je l’écoute, je la touche, j’en ressors, je l’escalade, je m’y assois, je m’y allonge, j’y danse, elle me passionne, et déplaît certainement !
Mes explications ne vous ont pas beaucoup avancés. Je le sais !
Je vous dirais bien d’aller y jeter un coup d’œil par vous-même… Mais je vais quand même tenter d’aller un tout petit peu plus loin.
L’Hélice terrestre dedans/dehors
Deux espaces se côtoient : l’intérieur creusé dans le tuffeau, sombre. Warminski expliquait que c’était le concave.
Et l’hélice terrestre, en extérieur, à la lumière, moulée dans le béton, le convexe.
Les formes convexes reproduisent les formes concaves.
l’Hélice représente le mouvement, et peut être vue comme l’envol d’une “sculpture animée”.
La caverne est constituée de plusieurs salles très différentes.
Un ovoïde offre une expérience sonore.
Un huit se parcourt dans le noir.
Aurore me dit de regarder, je prends le temps, et je découvre des personnages, des humains et une pieuvre, sculptés, abstraits, alvéolés,
Une œuvre d’art s’interprète !
Warminski n’a pas été avare de pistes.
Les galeries seraient-elles des boyaux, rappelant les plaisirs de la bonne chair et leur parcours post ingurgitation ?
Je l’ai entendu dire dans une interview :
« C’est un enfer paradisiaque, c’est un corps-à-corps, il faut oublier la sueur et arriver à générer des parties sensibles ».
Je vous laisse le plaisir de la réflexion. Vous avez 4 heures !
Et je vous souhaite une très belle visite, si vous avez des enfants ce sera aussi pour eux un magnifique terrain de jeu, d’expérimentation et de compréhension de l’espace.
Venez de la part de France week-end, le meilleur accueil vous sera réservé !