Depuis combien de temps, es-tu éditorialiste pour France Week-end ?
C’est assez récent. Je suis éditorialiste pour France Week-end depuis mars 2021
Que faisais-tu avant ?
J’ai travaillé à mes débuts dans différents secteurs du tourisme et dans diverses régions de France comme animateur et responsable d’animation dans des villages de vacances, puis gestion de campings, et d’un hébergement touristique d’un certain standing et enfin comme directeur adjoint d’un centre d’accueil et d’animation tout public et d’hébergement en Haute-Loire depuis 2007.
Comment as-tu découvert France Week-end ?
Plus ou moins par hasard. La période Covid m’a amenée comme beaucoup à me retrouver au chômage partiel. Et par conséquent à avoir du temps pour me trouver une occupation en adéquation avec ce que j’aime vivre comme les rencontres, la découverte, et dénicher des lieux sympathiques ou insolites sortant des sentiers battus.
J’organise toujours un peu mes vacances comme ça. Et j’aime partager ensuite ces expériences. Je suis toujours preneur quand quelqu’un dit “ j’ai déniché un super lieu à visiter qui sort de l’ordinaire, ou un restaurant à tomber par terre ou encore un petit coin sympa pour dormir et où l’accueil est exceptionnel”.
Du coup, je suis tombé sur une annonce de France Week-end qui cherchait un éditorialiste dans l’Ain. J’ai lu l’annonce de Damien Herbreteau le fondateur. Je suis allé voir le site pour comprendre quelle était la démarche et la philosophie que souhaitait insuffler Damien à France Week-end. Et ça m’a vraiment plus. La notion d’équité entre les divers acteurs du tourisme, de ne pas mettre en avant qu’un des métiers, mais tout ce qui compose une offre touristique sur un territoire (les hébergements, les activités, les commerces, les restaurateurs…). J’étais très motivé pour postuler ! … Et super déçu car l’Ain ce n’est pas du tout chez moi. Je suis en Haute-Loire. Alors en grattant un peu, le lendemain je crois, je vois que Damien recherche aussi sur la Haute-Loire. J’ai envoyé ma candidature dans la minute qui a suivi.
C’est un métier vraiment basé sur les rencontres humaines, as-tu une anecdote un peu hors norme à nous raconter ?
C’est toujours un peu hors norme quand on va à la rencontre de ces personnes passionnées qui vous racontent leur histoire et l’énergie qu’elles mettent à faire vivre leurs structures. Une anecdote. Parfois, quand je viens rencontrer des gérants d’établissement je prends un appareil enregistreur avec un micro que je pose sur pied sur une table. Je le démarre et on discute, type Interview ou échange libre. En parlant avec les responsables, je me rends compte au bout d’une demi-heure que je n’avais toujours pas appuyé sur le bouton « record ».
Une autre sympathique. Lors de la prise de contact et de la visite de l’hôtel 3 étoiles le Bel Horizon au Chambon-sur-Lignon. Guillaume, son directeur, me dit que je risque de croiser Muriel Robin et Patrick Chesnay dans l’hôtel. En effet, un tournage est en cours depuis plusieurs semaines dans le coin. Alors je ne les ai malheureusement pas vu. Mais lors d’un rendez-vous, Guillaume m’avait un peu oublié et m’a invité à manger à l’hôtel pour se faire pardonner. Et ce jour-là, j’ai mangé pas loin d’un rappeur, a priori connu, qui tournait dans le film. Guillaume m’a fait rire aussi, il avait du mal à retenir France Week-End et me présentait à ses collaborateurs comme journaliste à France Dimanche. C’était une boutade. Maintenant, je pense qu’il a retenu notre nom.
Les vacances arrivent, ou aimerais tu aller ?
(rire). Je ris parce que c’est rare que je me rende là où je voulais aller au départ. Avec ma compagne quand on se fixe un lieu pour les vacances trop longtemps en avance on est sûr que 15 jours avant le départ on va changer de choix. On prend nos vacances d’été souvent fin août début septembre. Ce qui nous permet bien souvent de pouvoir réserver un peu au dernier moment. Là nous nous sommes donné comme objectif le nord de la Bretagne ou la Corse. Donc on risque de se retrouver, partout ailleurs sauf là-bas . Ce sera au coup de cœur au final.
Est-ce qu’on arrive à se reposer complètement quand on est éditorialiste touristique, ou plutôt toujours avec un œil critique pour chercher de nouveaux bons plans pour nos voyageurs ?
C’est vrai que je reste toujours observateur d‘un peu tout. Mais ça c‘est un défaut ou une qualité professionnelle cela dépend. Mon regard va souvent tomber sur les détails même si je suis en vacances. C’est souvent aussi ce qui fait la qualité d’un bon établissement. Ce sont ces petits détails qui font qu’il y a ce truc en plus qui fait toute la différence.
Parfois aussi, sur la route je, vois un établissement ou une affichette sur une activité, quelque chose qui me dit « tiens, ce serait bien d’en savoir plus”. Alors je me les note sur un carnet ou en mémo sur mon portable. Corinne, ma compagne ou des amis m’envoient aussi des liens internet ou me parlent de temps en temps de lieux qu’ils ont pu visiter ou séjourner. La France regorge de personnes qui ont de belles idées et si je m’écoutais j’irai partout. Je vais parfois dans des établissements aussi avec mes deux jeunes filles et c’est important d’avoir aussi leurs ressentis notamment quand il s’agit de lieux disposant d’activités pour les enfants.
Pourquoi la Haute-Loire, est à ton avis le plus beau département de France ?
La Haute-Loire est un département étonnant de par sa diversité géographique. Au sud-est du Massif central en Auvergne. C’est un pays de Moyenne Montagne aux origines en grande partie volcaniques culminant au plus haut à 1753m avec le sommet du Mont-Mézenc.
Creusés par l’Allier et la Loire, gorges, lacs et cascade, rivières, les paysages sont saisissants de beauté quelle que soit la saison. L’eau, la roche, la végétation et les étendues de forêts transforment la lumière. Les couleurs changent au fur et à mesure de la journée. Les volcans ont pour la plupart une forme spécifique de sucs, découpant l’horizon comme des têtes de géants sortant d’une végétation intense perçant la brume au petit matin.
Les sommets, facilement accessibles, offrent une vue à 360° et nous permettant d’observer toute la chaîne des Alpes, du Mont Blanc au Mont Ventoux, sans oublier les monts d’Ardèche, les volcans du Cantal et du Puy de Dôme. Ce qui en fait un département propice à de nombreuses activités de pleine nature pour les sportifs (escalade, vtt, canoë kayak, via ferrata, parapente). Les balades et randonnées sont magnifiques. La plus grande étant bien entendu Saint-Jacques-de-Compostelle au départ du Puy-en-Velay, ou encore Le chemin de Stevenson qui vous amènera jusqu’à Saint-Jean-du-Gard.
Doit-on forcément aimer la randonnée et la nature pour apprécier la Haute-Loire ?
Si vous ne l’aimez pas, vous allez vite tomber amoureux. Mais heureusement, il y en a pour tous les goûts. L’architecture de l’habitat des villages de montagne construit en pierre de lave et leur toit de Lauze ou de chaume. Les nombreux châteaux médiévaux, les ruelles du puy et sa magnifique cathédrale. Les nombreuses fêtes et festivals sur tout le territoire. La plus connue est la fête renaissance du Roi de l’oiseau au Puy-en-Velay (16-19 septembre 2021). Le festival de la musique classique de la Chaise-Dieux, 19 au 29 août 2021. Et la gastronomie. Nombreux restaurants vous raviront les papilles avec une cuisine du terroir. Faites un tour, par exemple, à la Table de Vallès à Chaudeyrolles ou au Prè Bossu à Moudeyres. La Haute- Loire et les salaisons, c’est toute une histoire. Et à Saint-Bonnet-le-Froid vous avez le restaurant gastronomique 3 étoiles de Régis et Jacques Marcon. En d’autres termes, il y en a pour tous les goûts.
Le climat y est particulier : un mélange océanique et continental avec des étés chauds et secs en plaine. Les hivers peuvent être glaciaux sur les plateaux. Avec ce vent que l’on appelle ici la burle. Puissant, il fait danser la neige et la sculpte pour lui donner des allures de pantomime. Il y a un arbre seul pas loin de la maison, l’hiver, le givre lui donne l’allure d’un cheval blanc désarticulé. Et quand le vent se tait, le bleu du ciel sur les plaines blanches et les sommets vous invite à de belles balades en raquette, à ski (il y a une petite station de ski Alpin) en chien de traîneau ou à construire des igloos. Le petit bain finlandais chauffé au feu de bois au milieu de la neige est très sympa aussi (sourire).
C’est aussi le pays des légendes et des mystères.
Nombreuses sont les histoires de sorcellerie, de diable et fantômes. Et puis le triangle de la burle délimité à ses pointes par le Mont Mézenc, le Puy-en-Velay et le Pilat ou de nombreuses catastrophes aériennes ont eu lieu ainsi que des témoignages d’ovni et autres boules de feu. Beaucoup vous parleront de ces phénomènes.
Les habitants de ce beau département gagnent aussi à être connus. On les dit un peu rude comme le climat hivernal. Mais il n’en est rien, ils sont francs.
Allé à leur rencontre, ils vous parleront du pays, ils ont le cœur sur la main. La notion d’entraide est bien présente ici. La solidarité fait partie de leur culture. Entrez dans les petits bistrots des villages, tendez l’oreille et vous écouterez des histoires de toutes sortes, les plus extraordinaires, drôles et émouvantes. Amenez un peu de monnaie et payez une tournée aux quelques-uns assis au comptoir. Vous ne sortirez pas de si tôt. Vous écouterez les anciens parler parfois encore en patois.
Alors si on vous demande “quo vaille ? ” répondez “vaille bian”
Allé, je parle trop, mais il y a tant à dire. Sur l’histoire des justes (ceux qui ont protégé les juifs durant la seconde guerre mondiale notamment du côté du Chambon-sur-Lignon), l’archéologie et les découvertes préhistoriques comme la découverte d’un crâne de mammouth il y a une dizaine d’années.. Les châteaux médiévaux, la renaissance. Bien connu aussi, la réputation de la lentille du Puy ainsi que ses dentelles. Et les alcools comme la verveine de Velay, de nombreuses brasseries se sont installées vous promettant de bonne bières, ou whisky. La charcuterie, la viande. l’air pur, le bien-être, les nombreux artisans, la qualité des hébergements touristiques, le patrimoine bâti . Tout est là pour passer un moment inoubliable.
C’est un département qui bien souvent n’est que traversé sur la route des vacances. Les vacanciers veulent descendre plus au sud. Mais certains ne s’y sont pas trompés, et ont compris tout l’intérêt de s’arrêter ici pour séjourner plus longuement ou pour y habiter. Beaucoup ne savent pas où se situe la Haute-Loire sur la carte de France. Le Mont Gerbier de Jonc où la Loire prend sa source et Le Puy-en-Velay sont souvent les 2 seuls références citées. Venez nous voir, respecter ce beau pays et délectez vous de tout ce qu’il a à vous offrir. Vous en tomberez amoureux, j’en suis certain. D’ailleurs le nombre de visiteurs augmente un peu plus chaque année. La période Covid a battu tous les records avec les personnes qui sont venues chercher les grands espaces et des lieux sans trop d’affluence…
NDLR…. NOUS AVONS DU COUPER MATHIEU, il ne s’arrêtait plus
Quelle est la partie préférée de ton métier ? Dénicher les bonnes adresses secrètes ? Les rencontres ? la rédaction des articles ?
Dénicher les bonnes adresses c’est toujours motivant tel un travail d’enquêteur. Je passe du temps à regarder ce qui se fait et qui sort de l’ordinaire. Comme chaque éditorialiste France Week-End, je sélectionne des adresses parce qu’elles me plaisent et que j’ai envie de les partager aux internautes. C’est toujours une petite déception quand un établissement ne souhaite pas encore faire partie des bonnes adresses de France Week-End, parce que je ne pourrai pas les présenter à nos lecteurs. Mais ce n’est que partie remise.
Mais en premier lieu, j’ai une préférence pour la rencontre. Ce temps de premier contact qui au fur et à mesure laisse place à une relation. Le tutoiement vient naturellement et la confiance s’installe. J’aime bien rencontrer les personnes 2 ou 3 fois avant d’écrire un article. Le contact devient plus naturel et on apprend à mieux se connaître. Et ensuite on garde un lien. Quand on vous dit “quand tu passes dans le coin passe boire l’apéro” alors c’est que j’ai bien fait mon travail en même temps c’est naturel chez moi d’aimer les rencontres, pas de boire que des apéros (rire).
L’écriture c’est la phase la plus délicate pour moi. Il faut retranscrire l’esprit du lieu, ce qui m’a plu. Rester sincère. Plaire au lecteur mais aussi à la personne qui vous a fait confiance pour écrire sur sa structure. Alors quand je fais lire les textes à mon partenaire j’ai toujours une petite angoisse que cela ne lui convienne pas.
Et maintenant la question perso, que les lecteurs attendent… Quel est ton fond d’écran aujourd’hui ?
Ce sont des paysages du monde entier qui défilent. C’est mon petit côté rêveur qui ressort. (rire)
Question fil rouge : Si tu devais tester un produit d’un autre éditorialiste. Qu’aimerais-tu tester ? et au niveau hébergement ?
Beaucoup de chouettes propositions sont mises en avant . Sur les dernières pages visitées il y a plein de lieux sympa. Les éditorialistes sont gourmands, en tapant dégustation dans le petit moteur de recherche il sort une pléthore d’établissements viticoles. Après cette info, je sais que certains de mes collègues vont dire que cela ne les étonne pas si je choisis un lieu de dégustation.
Je vais donc choisir autre chose : Par exemple, j’ai un petit faible pour l’excursion photo avec Libert E trott testé par Aurélie éditorialiste France Week end en Vendée et aux Sables d’Olonne. L’idée de partir en initiation photo avec des trottinettes électriques me plait beaucoup. Je suis souvent ému par les beaux paysages et apprendre à connaître des techniques pour encore mieux les photographier est une idée qui me plait vraiment. De plus, le faire en se baladant à l’aide d’un moyen silencieux et écologique dans une belle région est excitant.
Et pour finir, il y a tellement de beaux hébergements présents… mais aujourd’hui je dirai Le rocher blanc testé par Caroline en Lozère, je craque complètement sur le style et l’esprit du lieu. Surtout que chaque chambre ayant une thématique différente passant d’un thème ange et démon, à un chalet en montagne, ou une chambre Massaï et bien d’autres encore. Cosy, charmant et un rien d’exubérance. J’adore.
En conclusion, merci Mathieu, pour cette rencontre, et Rendez-vous le mois prochain pour un nouveau portrait d’éditorialiste France Week-end.